Le stage à Spilimbergo est évidemment l’occasion de visiter l’École des Mosaïstes du Frioul. Une après-midi entière ne suffit toutefois pas à apprécier l’ensemble des mosaïques et des travaux en cours à l’école… Fondée en 1922, l’école de mosaïque « Irene di Spilimbergo » forme aujourd’hui ses élèves à tous types de mosaïque : mosaïque grecque, romaine, byzantine, moderne et contemporaine. Elle fait aujourd’hui figure de référence pour la formation en mosaïque. La durée des cours est de trois ans.

 

Entrée de l'école des mosaïstes du Frioul

Interprétation de Guernica, devant l’école de mosaique

 

La première année à l’école de mosaïque est dédiée à l’apprentissage de la mosaïque grecque faite de galets,et de la mosaïque romaine essentiellement constituée de marbre. Les premiers exercices de mosaïque moderne en pose indirecte sont également au programme. On qualifie de mosaïque moderne la mosaïque réalisée suivant les règles établies par Gian Domenico Facchina. Natif de Sequals (tout près de Spilimbergo), ce mosaïste est l’auteur des mosaïques de l’opéra Garnier, qui marquèrent le renouveau et la diffusion de la mosaïque en France et dans le monde à partir de la fin du 19ème siècle. Garnier souhaitait absolument intégrer des mosaïques dans l’opéra, mais les prix étaient très élevés. Les travaux étant habituellement faits sur place, le temps d’immobilisation du chantier était très long et les coûts importants. Facchina proposa alors un devis très inférieur, car il mit au point une technique qui permettait de travailler en atelier puis dans un deuxième temps de poser la mosaïque sur place. Cette technique, mise au point dans le Frioul, est toujours aujourd’hui utilisée par certains ateliers de la région pour des travaux de superficie importante réalisés dans le monde entier. L’enseignement de la réalisation et de la pose indirecte pour de grandes superficies est donc toujours au programme de l’école de mosaïque.

 

Portrait en mosaique à l'école de SpiilimbergoAprès une première année d’étude, les élèves s’emploient lors de l’année suivante à réaliser des copies de mosaïques byzantines. En plus de la taille du marbre et de la pâte de verre, c’est l’occasion de se confronter à la taille de l’or pour mosaïque, et à l’andamento byzantin, qui diffère légèrement de celui de la mosaïque romaine. Les élèves apprennent également à réaliser des portraits à partir de photographies ou de peinture. La photographie qui sert de modèle à la mosaïque est étudiée afin de repérer les valeurs sur les différents zones du visage. Ensuite vient le choix des matériaux (verre, marbre, litovi…). La grande diversité des matériaux à disposition et leur large gamme chromatique permet d’obtenir, par un choix judicieux, un rendu réaliste. L’andamento (forme des tesselles et manière de les disposer) est également soigneusement étudié. L’enseignement de la mosaïque durant les trois années est complété par des cours de dessin, de théorie de la couleur, d’étude des matériaux, d’architecture, de terrazzo et d’informatique.

 

La troisième année est consacrée entièrement à la mosaïque contemporaine. Les mosaïques sont composées de matériaux traditionnels (verre, marbre, or) et de matériaux alternatifs de tous ordres, récupérés, créés, retaillés… La mise en pratique des principes de synthèse additive dans la composition de la couleur entrent également pleinement dans l’enseignement cette année-là. La production change donc d’année en année suivant les expérimentations en cours et sont donc toujours l’occasion d’une visite pour apprécier les évolutions… L’andamento contemporain enseigné à l’école de Spilimbergo, initialement basé sur l’exagération de l’andamento byzantin (inclinaison plus grande des tesselles et « lignes brisées ») se modifie également ces dernières années au service d’une approche très matérielle de la surface en mosaïque.

Les cours dispensés à l’atelier Mosaicozette suivent dans les grandes lignes le même programme d’enseignement que ceux de l’École des Mosaïstes du Frioul.